📦 Savez-vous vraiment mesurer votre performance de livraison ? (OTD)
16 sept. 2025
88 %, c’est bien… mais de quoi parle-t-on exactement ? Un OTD flou peut donner une illusion de performance — et masquer des signaux faibles qui coûtent cher.
👉 Votre OTD est à 88 % ? Très bien…
Mais 88 % de quoi ? Et surtout… à quel prix ?
L’OTD (On Time Delivery), ou performance de livraison à l'heure, est l’un des indicateurs les plus utilisés en supply chain et pour mesurer la performance d'une entreprise.
En apparence simple, il est en réalité truffé de subtilités... et de pièges.
Un OTD mal défini peut donner une image flatteuse — mais fausse — de votre performance.
Pire, il peut masquer des signaux faibles annonçant une rupture de confiance client.
Alors, qu’est-ce que votre OTD mesure vraiment ?
1️⃣ Une définition simple… en apparence
L’OTD mesure, sur une période donnée, le % de livraisons à la date (et heure) convenues, rapporté au total (commandes/lignes/quantités).
Population de calcul (au choix, à documenter) :
Quantités livrées, ou
Lignes de commande livrées.
Deux variantes principales existent :
OTD to Request : performance vs la date demandée par le client,
OTD to Commit : performance vs la date promise au client (communiquée et acceptée, souvent via Accusé de Réception – AR).
👉 Premier choix stratégique : laquelle utilisez-vous en interne ? Laquelle communiquez-vous au client ?
💡 À noter : certains clients demandent parfois des dates hors cycle. On peut être tenté d’accepter pour dépanner… mais attention à ne pas se retrouver pénalisé au final si cela biaise votre mesure d’OTD.
2️⃣ Brut vs collaboré : un écart qui dit tout...
Trop peu d’entreprises mesurent et distinguent clairement :
OTD brut : basé sur la date initialement demandée (si elle est dans le cycle standard)
OTD collaboré : basé sur les dates renégociées (avant ou après expédition, sans écraser la date d’origine)
⚠️ Si l’écart grandit (ex. 88 % collaboré (affiché en interne) vs 70 % brut), tout le monde croit que “ça va”… jusqu’au jour où le client arrête de collaborer. La perte de confiance est alors brutale.
💡 Exemple vécu : un industriel affichait fièrement 92 % collaboré. En brut, il était à 63 %. Résultat : un client stratégique a cessé toute collaboration et l’a sorti de son panel fournisseur du jour au lendemain.
3️⃣ Les paramètres qui changent tout
Un OTD crédible doit intégrer et documenter les règles du jeu :
Fenêtres de livraison : ⚠️ livrer trop tôt ≠ livrer à l’heure (ex. fenêtre -3 ; 0 = jusqu’à J-3 inclus, pas après J0).
Incoterms : l’événement de mesure dépend du point de transfert (EXW = mise à dispo, DDP = réception client…).
Population : lignes, quantités, commandes ? (les résultats changent) → le résultat peut varier fortement.
👉 Ces paramètres doivent être clairs, partagés, souvent adaptés à chaque client, et connus des équipes. Trop souvent, personne ne sait si l’OTD affiché correspond à une expédition, une réception, ou une simple mise à quai.
4️⃣ Les mauvaises pratiques qui “sauvent” l’OTD
Pratiques observées (risquées, voire inacceptables) :
✍️ Réécrire l’AR avec une nouvelle date (en effaçant l'historique),
📆 Recaler la “date de commande” sur la nouvelle promesse,
📦 Considérer une livraison partielle comme “close”,
⚠️ Expédier du douteux pour tenir la date, puis rappeler les pièces,
🫸 Prioriser les lignes pas encore en retard plutôt que de traiter le passif, pour “sauver” l’indicateur.
Résultat : un OTD “sauvé”, mais une performance réelle dégradée.
Certaines de ces pratiques vous choquent ? Tant mieux. Elles existent pourtant bel et bien…
5️⃣ Les coûts cachés d’un OTD "optimisé"
Maintenir artificiellement un OTD élevé peut coûter cher :
🚕 Courses express / taxis, paiement de "premium" → marges détruites
✈️ Fret aérien d’urgence → OTD “sauvé”, finances plombées
🔧 Expédier du douteux puis rappeler → SAV, retouches, image écornée
📅 Pousser la prod en fin de mois pour tenir le CA → surcharge, heures sup, désorganisation (et épuisement des équipes)
👉 Un OTD crédible se lit en miroir du coût de service.
6️⃣ Les conséquences d’un OTD flou
Divergences de calcul client/fournisseur → conflits, pénalités ;
Des équipes perdues → décisions erronées ;
Écart brut/collaboré qui grandit → perte de confiance.
7️⃣ Comment fiabiliser la mesure ?
✅ Ne pas écraser les données d’origine (date demandée, promise, réelle) — si l’ERP le permet
✅ Suivre brut et collaboré, analyser l’écart
✅ Documenter les règles de calcul (fenêtre, incoterm, population)
✅ Relier l'OTD au coût de service (fret, retouches, urgences)
✅ Confronter OTD à d’autres indicateurs (profondeur de retard, qualité, fiabilité fournisseurs…)
💡 Exemple : livrer 0 % à l’heure avec 2 jours de retard max peut être mieux perçu qu’un 90 % avec 35 jours de retard sur les pires lignes. Tout est question de clarté et de confiance.
8️⃣ Pareto & arbre des indicateurs : vos alliés
Un OTD seul ne dit rien. Relié à ses causes, il devient actionnable :
Pareto des retards : 20 % des causes expliquent 80 % des écarts ;
Arbre des indicateurs : qualité fournisseur → disponibilité matière → respect du PDP → délai client.
👉 Exemple : un SOTD (Supplier OTD) qui chute aujourd’hui impactera directement votre OTD client dans quelques semaines.
9️⃣ Limite : l’OTD ne regarde que le temps
L’OTD mesure la ponctualité. Pas la qualité. Pas la complétude.
D’où l’intérêt de passer à l’OTIF (On Time In Full) :
✔️ À l’heure
✔️ Complet
✔️ Conforme
🎯 En résumé
Avant d’afficher “OTD = 88 % ”, demandez-vous :
88 % de quoi ? brut ou collaboré ?
Avec quelles règles ? fenêtre, Incoterm, événement ?
À quel coût réel ?
Et vos équipes savent-elles expliquer ce que cet OTD reflète ?
👉 Sans clarté, l’OTD n’est qu’un chiffre.
👉 Avec clarté, il devient un outil de pilotage et de confiance client.
📌 C’est exactement ce que le Guide IndustrialOS aide à clarifier :
Définir les bons indicateurs
Comprendre ce qu’ils reflètent vraiment
Les relier à leurs causes pour agir, pas seulement constater
https://leguide.industrialos.io
💬 Et si demain vous demandiez à 3 personnes dans votre boîte de définir l’OTD… auriez-vous la même réponse ?

